Antifouling, un problème écologique difficile à résoudre

L’antifouling est une question primordiale pour tout propriétaire de bateau : il s’agit de pouvoir protéger sa coque des algues et des coquillages pouvant s’y installer. La majorité des antifoulings actuellement commercialisés sont très polluants pour la vie marine, libérant plus ou moins de biocides selon le modèle (globalement des pesticides). A l’achat d’Arvik, l’ancien propriétaire venait d’appliquer un antifouling semi-érodable.

Nous avons alors commencé à chercher une solution de remplacement plus respectueuse de l’environnement marin. Cela n’a pas été simple ! Au-delà de la contrainte écologique, nous avions d’autres contraintes, notamment en termes de durée. Notre voyage va durer 18 mois, et nous ne souhaitons pas avoir à sortir le bateau de l’eau, sauf si besoin urgent. Enfin, nous avons, comme beaucoup, une contrainte de budget.

Pourquoi appliquer un antifouling?

Le fouling (la faune et la flore qui se fixent sur la coque du bateau) pose deux types de problèmes. Le premier est mécanique : en modifiant le profil hydrodynamique de la coque, ils augmentent les frottements, donc l’énergie nécessaire pour faire avancer le bateau. Il peut également endommager la coque. Le deuxième est le transport de ces organismes d’une région à une autre. Les différentes espèces transportées peuvent coloniser facilement de nouveaux territoires et devenir invasives.

Le but est de ne pas ressembler à un rocher ambulant!

Quelles sont les solutions?

Différents produits éco-responsables existent actuellement sur le marché, et nous avons fait le tour des pontons et des forums internet, afin de trouver une solution respectant tous nos critères.

Le cuivre

La première piste explorée a été le Coppercoat, un antifouling à base de cuivre, garanti 10 ans. Le cuivre est certes d’origine naturelle, il n’en est pas moins un biocide qui impacte fortement la vie marine. De récentes études ont montré qu’une concentration de cuivre trop importante engendrait un fort taux de mortalité des larves de poissons, au même titre que les antifoulings classiques. S’ajoute à cela un prix élevé et des retours plus ou moins positifs du produit ; nous n’avons pas creusé cette piste.

Antifouling au cuivre à l’application
Antifouling au cuivre qui s’oxyde

Finsulate

Suite à une rencontre au salon de la Mer XXL à Nantes en juin 2019, nous nous sommes alors penchés sur une seconde piste, mécanique elle, Finsulate. Il s’agit de bandes adhésives constituées de fibres de Nylon, collées directement sur la coque du bateau, un peu comme de la « moquette ». Ce sont les fibres qui en bougeant avec les mouvements de l’eau et du bateau empêchent les organismes de se poser sur la coque. Il n’y a donc pas de rejet toxique dans l’eau. Le coût était un peu moins élevé que pour celui au cuivre et le principe nous plaisait. Nous sommes donc allés voir un voilier qui venait d’en être équipé au chantier à terre d’Arzal. Le rendu n’était pas aussi propre que nous l’espérions et la question de la revente du bateau par la suite nous dérangeait. Comment enlever cette « moquette » si elle ne plait pas au futur propriétaire ? Enfin, au vu des derniers avis collectés récemment, nous n’avons pas de regrets, puisqu’il semblerait que l’on doive se mettre à l’eau pour nettoyer la coque plus de 2 fois par mois dès que l’on arrive dans des eaux plus chaudes. C’était une bonne idée mais cela n’a pas l’air d’être concluant en pratique.

Le Projet Sailing Kerguelen a tenté l’expérience Finsulate, nous sommes curieux d’avoir des retours de leur part.
Pour suivre leur aventure c’est ici 🙂

Coque de Kerguelen tapissé de Finsulate
Gros plan sur les fibres de Nylon

Au vu des derniers avis collectés récemment sur le net, nous n’avons pas de regrets, puisqu’il semblerait que l’on doive se mettre à l’eau pour nettoyer la coque plus de 2 fois par mois dès que l’on arrive dans les eaux chaudes. C’était une bonne idée mais cela n’a pas l’air d’être concluant en pratique.

Voici un lien vers la vidéo d’un retour sur le produit: https://www.youtube.com/watch?v=4W5kWGvPIbM

Le silicone

Notre dernière piste a été le silicone. Le principe de ce dernier est de miser sur le côté anti-adhérant du matériau, particulièrement efficace sur les bateaux à moteur, de par la vitesse qui génére un effet auto-nettoyant. On peut le trouver sous forme de grandes bandes adhésives à mettre à la place de l’antifouling, mais la main d’œuvre fait exploser le budget car on ne peut pas le poser soi même.

Pose de bandes adhésives au silicone

Sinon il existe aussi sous forme de peinture comme le Hempel SilicOne. Il s’agit d’une peinture au silicone, sans biocides rejetés. Moins onéreux que les deux précédentes alternatives, mais exigeant quand à son application, nous avons longuement hésité. Cependant, suite à l’avis d’un shipchandler à Arzal, qui a eu une très mauvaise expérience du produit sur un yatch, nous n’avons pas voulu risquer de perdre des surfaces entières d’antifouling à cause d’un problème d’adhérence de ce dernier sur la coque.

Principe de la peinture antifouling au silicone
Application de l’antifouling Hempel Silic One

Conclusions

Malgré toutes nos recherches sur le sujet, aucun produit ne nous a paru fiable tout en étant financièrement accessible. C’est donc la mort dans l’âme que nous nous sommes tournés vers un antifouling à matrice dure, le Hempel Hard Racing TecCel. La matrice dure limite l’érosion de la peinture, même si la diffusion de biocide est toujours la même. Un moindre mal comparé au semi-érodable qui était jusque là présent sur Arvik.

Peinture de l’antifouling à matrice dure sur Arvik
Arvik avec son nouvel antifouling


Peut-être une solution pour les bateaux qui restent dans leur port d’attache?

Après de longues discussions sur le sujet avec diverses personnes, il semblerait qu’il y ait un facteur essentiel au développement du fouling : la lumière. Une autre technique dont nous avons récemment eu connaissance et qui semblerait faire ces preuves consisterait à bâcher la partie immergée de la coque du bateau. Coupés de toute lumière, les organismes se révèlent être dans l’incapacité de se développer. Une méthode mécanique simple à mettre en place pour tout bateau qui reste longuement à la même place, mais qui devient contraignante pour un bateau qui navigue continuellement.

Solution de bâche proposée par Nautic Innovation

Nous espérons sincèrement qu’un produit sans biocides et fiable verra prochainement le jour, même si cela semble contradictoire, le but de l’antifouling étant de limiter la prolifération d’organismes sur la coque. Il s’agit à l’heure actuelle d’un vrai problème dans le monde de la plaisance et de la marine plus généralement.

Si vous voulez en savoir plus sur la question des antifoulings et de leur toxicité, nous vous invitons à consulter les résultats de l’étude menée par Finistère360°, elle est très complète et aborde également plus précisément les solutions alternatives qui commencent à voir le jour.

http://www.aires-marines.fr/Documentation/Antifouling-et-environnement-ou-en-sommes-nous

1 réflexion sur “Antifouling, un problème écologique difficile à résoudre”

  1. Bonjour à tous, je suis Michel, inventeur , ayant à mon actif, plusieurs brevets, dont l’un a intéressé le nautisme et tout particulièrement, un revêtement anti salissures, sur les œuvres vives de nos bateaux de la petite plaisance. En 2009, ce revêtement a été primé au concours Lépine, en remportant le deuxième prix avec mention. J’ai vendu ce brevet à une Ste, mais cette dernière a voulu faire cavalier seul, en ne suivant pas la composition, la Ste déposa sont bilan en 2012. Moi, ayant eu des problèmes de santé, je suis resté plusieurs années sans pouvoir réagir, c’est seulement, après avoir été rapatrié en métropole, en 2016, avoir été pris en charge par de grands professeurs de la santé, que j’ai réussi à m’en sortir. 2018, une personne, que nous nommerons, Stéphane, m’a incité à reprendre mes recherches pour un revêtement performant, cela m’a demandé deux années, à ce jour, une nouvelle demande de brevet a été déposé en mars 2020, ce dernier intéresse la petite plaisance, mai en plus, les cargos et autres gros porteurs. Une société type SAS a été créé, cette dernière prévoit une fabrication de trois tonnes
    de revêtement par semaine , puis, deux par jour, la conception du revêtement anti salissures, ne devrait pas dépasser une trentaine d’euros du mètre carré , ce revêtement est bien différent du précédent, une application de 12 à 15 m2 par litre, une Resistance bien supérieure à la meilleure peinture Antifouling, une durée de vie anti salissures pour plusieurs années, tout en rappelant que mon revêtement est écologique et durable, tout les essais ainsi que toutes les éprouvettes ont été immergées dans des eaux bien différentes les unes des autres, les Antilles, dans les eaux à plus de 28 degrés, dans un port de plaisance et près d’un centre de carénage, idem pour les autres plaquettes, l’une dans l’étang de Thau, plus deux ports de plaisance en Méditerranée, et un, sur La Rochelle. Chaque mois, un relevé a été fait pour chaque plaquette, et seule la boue en suspension arrivait à ce déposer. Qui cette dernière s’évacuait au moindre brassage. Mon revêtement devrait être commercialisé courant 2021, par SMAD Global Solution. Présent en France et en Suisse .

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